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« Viens ! Je te ferai grâce des préliminaires... »

C’est ce que semble nous dire l’icône 3615 mille fois cloné sous les arcades du périphérique.

Mais, chez Graziani, cette geisha pixelisée s’est parée des luxueux atours d’un savoir faire pictural parfaitement maîtrisé, digne d’une époque où les peintres apprenaient à se servir d’une brosse avant de prétendre innover.

Ceux qui pourraient croire qu’ils ont à faire à un post-conceptuel, pour lequel le message fait l’œuvre, n’ont qu’à bien regarder. Graziani est un peintre.

L’extrême contemporanéité du regard jouit du classicisme rigoureux de la facture. Ces œuvres ne sont pas prêtes de perdre de leur éclat.

Recycler les matériaux offerts par l’environnement urbain - à la fois défi et aventure - c’est retrouver « le chemin perdu au sortir de l’enfance ». Dans « la forêt des signes » que représentait la rue pour André Breton, Graziani sait pêcher les trésors inattendus dont il va, dans son laborArtoire, extraire la beauté fulgurante.

Pas question pour lui de nous jeter sa poudre de récup aux yeux, histoire de nous épater à bon compte. Les bouts de miroir brisés glanés sur les trottoirs de l’aube, il doit encore leur faire cracher les courbes sensuelles que le corps d’Alice y a laissées lors de sa traversée.

Grand couturier du hasard, Graziani restitue l’émotion érotique à sa finalité subversive initiale : les créatures qui habitent ses œuvres nous rincent l’œil de la manipulation mercantile du désir.

Le papier d’emballage et les fragments enchâssés ne sont pas là uniquement pour leurs propriétés esthétiques. Rebuts d’un système imbécile d’anéantissement du sens, ils prouvent, sous la main experte de l’artiste, que, si l’homme est capable du pire, il pourrait l’être aussi du meilleur.

Marius Barral

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